2018 Allocution du Président
Comité Départemental de l’Ariège
Lors des commémorations, à propos des Résistants, il arrive qu’on entende encore aujourd’hui des expressions qui, personnellement, me choquent, ….du genre : ils étaient jeunes,… insouciants…inconscients… même…..
Inconscients ? certainement pas, …..c’est l’argument souvent utilisé par ceux qui ne tiennent pas à parler de l’essentiel . Ils savaient ce qu’ils faisaient ; ils auraient pu rester tranquillement chez eux …Qu’ils se soient engagés dès la défaite de 1940 (comme le jeune Achille Bochetto arrêté à 20 ans en sept 40), ou plus tard, en 1943, pour échapper au STO, comme Emile Dussart, ou qu’ils aient rejoint la Résistance en obéissant à l’appel du 6 juin44, jour du débarquement en Normandie. Appel, lancé par le Général De Gaulle. Appel à l’insurrection Nationale, relayé dans toutes les villes et tous les villages de France par les chefs des Réseaux et des Maquis.
Cet engagement, ils l’ont pris en toute connaissance de cause, sûrs de faire le bon choix, pour libérer le pays, pour mettre à bas le régime pétainiste de plus en plus fascisant, pour participer à la construction d’une société nouvelle , pour la Paix et la Fraternité. Ils étaient de la lignée des Lucie Aubrac, des Jean Moulin, et de bien d’autres ; bien sûr à leur niveau , à leur échelle, mais leur engagement était tout aussi fort, … déterminé, …exemplaire..
Insouciants ? : peut être, ..dans l’estimation du risque qu’ils encouraient……face à la mort…. mais l’insouciance n’est elle pas l’apanage, et souvent… la force…. de la jeunesse ?
Leurs combats et leurs engagements, ont permis de bloquer la remontée des troupesAllemandes vers la Normandie et la Vallée du Rhône. Ainsi, la Résistance a pris une part importante dans la Victoire du 8 Mai 1945….Et ceci a été souligné à maintes reprises :
-Par le général Marshall, Chef d’État Major des troupes des Etats Unis d’Amérique qui dira : ‘’sans la Résistance, le débarquement en Normandie était voué à l’échec’’.
-Par le Général Eisenhower, Général en chef des troupes Alliées, qui écrira : ‘’l’action de la Résistance Intérieure française à été équivalente à celle de 15 Divisions’’.(discours affiché sur un des murs du Mémorial d’Oradour- sur –Glane, village martyr)
La force de la Résistance , unie ,suite à la création du CNR le 27 Mai 1943, a renforcé l’autorité du Général de Gaulle face aux Alliés, et permis ainsi , de rétablir la République, assassinée par le régime collaborateur, en juin1940.
Nous, à l’ANACR, qui les représentons, toutes et tous, d’ origines, politiques, sociales, ou religieuses différentes, nous sommes là ,…de par la mission qu’ils nous ont confiée, …pour le rappeler, et pour faire en sorte que leur mémoire soit honorée, que leur engagement soit compris par les jeunes générations et leur serve d’exemple .
Vive la République, vive la France
Paul GOS
Président Départemental Membre du Conseil National de l’ANACR
2017 Allocution du Président
Comité Départemental de l’Ariège
En juillet 1944 , les 272 ème et 276 ème divisions de la Wehrmacht tiennent la côte Méditerranéenne de Port Vendre à Montpellier, tandis que la XI ème division Panzer stationne en arrière d’un triangle Toulouse – Albi – Carcassonne. La mission, est de faire face à toute tentative de débarquement dans le golfe du Lion , ou de prendre de flanc une invasion alliée sur les côtes de Provence. L’État Major de la XIX ème armée Allemande, qui tient la Midi de la France, a donné l’ordre à ses troupes d’éliminer la menace des Maquis de la région 3, qui sont sur les arrières des troupes de la Défense Côtière.
C’est ainsi que dans le secteur Aude Ariège , notamment autour de la RN117, on assiste à de nombreux mouvements de troupes Nazies et à de nombreuses attaques, souvent meurtrières, contre les Maquis de la Résistance.
Le 26 juillet, elles ont menée des opérations contre les Maquis Français et Espagnols , dans le secteur de Chalabre et la rive droite de l’Hers. 15 ‘’suspects ‘’ , dont 2 habitants de Bélesta sont arrêtés et emprisonnés à FOIX. A ce moment, le Maquis FTP de la 3101 ème Compagnie est venu, depuis Montferrier, s’installer dans la forêt de Belesta, sur le site de la Jasse.
Le 27 juillet un groupe de 8 hommes est envoyé à Bélesta, avec pour mission, de réquisitionner un camion et de le ramener au Maquis. Il est conduit par le Lieut. Lummert <<Metz>>, un Lorrain, que l’on retrouvera ,très actif, lors des combats décisifs de Prayols, le 20 Août , et de Castelnau Durban le 22, et par l’Ariégeois Alexandre Gillis <<Tintin>>.Le
groupe prend position après le Pont de l’Hers, dans la direction de Quillan. Un camion comprenant 2 hommes et une femme est arrêté ; à la vue du barrage, ils font signe aux Maquisards de regarder vers l’arrière : ceux-ci aperçoivent alors une colonne Allemande qui arrive : 200 hommes qui viennent de Chalabre et Puivert ! Les Nazis font feu et tuent Jacques Miquel , jeune Résistant de Mirepoix . Ses compagnons réussissent à fuir , profitant des champs de maïs et de la rivière.. Deux otages, André Gaudel ,un Lorrain réfugié, et un perpignanais, Joseph Derviol, sont arrêtés et emprisonnés à Foix .
Jacques Miquelest enterré religieusement le soir même. On sonne les cloches . Une grande croix de Lorraine en fleurs accompagne le cercueil ; la population de Bélesta est présente. Malgré l’interdiction Allemande et les otages désignés, le maire, Maurice Rigaud, s’exprime : << au nom de la population de Bélesta, j’adresse un dernier salut et un suprême hommage à celui que nous venons d’accompagner à sa dernière demeure >>.
En cette fin de juillet les attaques vont s’intensifier et de nombreux accrochages auront lieu. Le 5 Août une très forte colonne Allemande est signalée sur la 117 ; elle traverse Lavelanet et Bélesta. En réalité, elle partie d’un vaste plan d’attaque,en vue d’éliminer le gros Maquis AS Audois de Picaussel, qui comprend 300 hommes .
Les combats du 6 et 7 juillet seront très violents , avec même ,sur la fin, la participation de chars Tigres, qui attaqueront le maquis depuis Espezel , sur le plateau de Prades ; mais au final , les Allemands n’auront pas atteint leur but. Le Maquis AS pourra s’échapper vers Quillan.
La 3101 ème compagnie FTP après avoir été appelée en renfort, a participé efficacement aux combats sur les flancs des opérations. Le 8 Août, elle regagne son ancienne position à Armentières, près de Montferrier. Une partie du matériel reste caché dans la forêt , à la Jasse.
Le 11 Août le Ct Amilcar Calvetti envoie un détachement de 34 hommes pour le récupérer. Il est commandé par Georges Sannac de Pamiers, accompagné de l’ancien gendarme Gustave Meyer, <<Valmy>> ( Cf Roquefixade ).Ferment la marche, le Capitaine Crémieux et Marcel Blum. Vers 2 heures , les maquisards font une pose au environs du Pont de Le Prince . Soudain ,alors que le détachement se remet en marche, la nuit est illuminée par des fusées éclairantes : c’est le déclanchement de l’embuscade tendue par les Allemands, qui ont progressé en contre bas de la route , en suivant le ruisseau << La Canal >>.
Georges Férrié, jeune Résistant de Lavelanet, est tué dès les premiers tirs ; son voisin dans le rang, Emile Dussart <<Robino>>, du Pas de Calais, essaie de fuir par le talus à droite de la route : il est mortellement fauché par plusieurs rafales .
Un autre maquisard, Gilbert Allègre, est blessé , mais réussit à fuir , avec le reste du détachement… qui s’éparpille. Le bilan en restera là, car, en réalité, les Allemands, ont laissé passer le détachement sans tirer, croyant qu’ils pourraient piéger le gros du maquis .
Plusieurs groupes vont rejoindre les environs du Château de Montségur en passant par des ravins difficiles. Ayant perdu leurs vivres, ils en sont réduits à consommer ce qu’ils trouvent , ….…… même des grenouilles crues……
Il faut savoir qu’à l’origine de cette embuscade , se trouve une dénonciation : des maquisards avaient réquisitionné un veau dans une ferme près de Bélesta, et établi un bon selon la règle, c’est à dire au prix de la Taxe, prix public donc, avec remboursement prévu à la Libération. Le paysan , qui aurait voulu appliquer le prix du marché noir, furieux, et malgré l’opposition de son épouse, avait décidé de partir à Lavelanet et d’ avertir les Allemands . A la libération, il sera arrêté par le Maquis et fusillé.
Dans la matinée du 11 Août, le Maire Maurice Rigaud accompagné de deux gendarmes , du garde Champêtre et d’un médecin, va récupérer les papiers, lettres , photos, sur les corps des tués . Tous ces documents seront cachés dans un grenier de Bélesta , pour être rendus plus tard aux familles .
Le soir à 18 heures 30, ceint de son écharpe, accompagné du Chef de la Brigade de la Gendarmerie et d’une foule à nouveau nombreuse, il célèbre les obsèques devant la Chapelle de Note-Dame-de- Val- d’Amour.
Les Allemands ayant interdit toutes funérailles pour des ‘’terroristes ‘’ il n’y aura ni fleurs ni couronnes. Marcel Rigaud , alors qu’il sait que les Allemands vont revenir le soir, n’hésite pas à déclarer : << je m’incline très respectueusement devant ces tombes fraîchement ouvertes, et je salue la mémoire de ces jeunes prématurément disparus, tombés pour leur idéal, avant que pointe l’aube nouvelle >> Ensuite, devant les risques, il conseille prudence et discrétion à la population: << Taisez vous, méfiez vous, parleurs de carrefours ou de cafés, amateurs d’inscriptions. La vie de tout un village, ne vous appartient pas >>
A 21 heures, effectivement, les Allemands vont revenir. Ils vont récupérer les armes et les sacs des Résistants, se faire très menaçants, puis finir par repartir à Lavelanet. …………..
Voila pour les faits historiques relatifs aux évènements du 27 juillet et du 11 Août 1944.
Bien sûr , nous rendons, chaque année , toutes et tous , un hommage particulier aux combattants, morts pour les valeurs de la Résistance, pour la victoire finale, pour le rétablissement de la République , et qui , par leurs sacrifices, ont aussi rendu son honneur à la France…… Cela ne nous coûte pas beaucoup ! ….je crois que nous pouvons en convenir.
Pensons au comportement exemplaire de la population de Belesta,…si non toute, en tout cas d’une grande partie, …et de son Maire, Maurice Rigaud, lors des deux cérémonies de funérailles que je vous ai décrites. Les risques étaient énormes, …..et ils les ont pris !… avec courage, …avec dignité. Leur comportement doit nous éclairer, doit nous guider, …et je tiens à les saluer respectueusement ici, aujourd’hui.
Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs, Bélesta peut en être fière de son passé. BELESTA . Dimanche 23 Juiullet 2017.
Paul GOS Président du Comité Départemental de l’Ariège. Membre du Conseil National
